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monotonie de ces murailles ; à peine, de distance en distance, un minaret dressant sa tige blanche ; toujours les mêmes créneaux, toujours les mêmes tours, la même teinte sombre apportée par les siècles, — les mêmes lignes régulières, qui s’en vont, droites et funèbres, se perdre dans l’extrême horizon.

Nous marchions tous deux seuls au pied de ces grands murs. Tout autour de nous, dans la campagne, c’étaient des bois de ces cyprès gigantesques, hauts comme des cathédrales, à l’ombre desquels par milliers se pressaient les sépultures des Osmanlis. Je n’ai vu nulle part autant de cimetières que dans ce pays, ni autant de tombes, ni autant de morts.

— Ces lieux, disait Aziyadé, étaient affectionnés d’Azraël qui, la nuit, y arrêtait son vol. Il repliait ses grandes ailes et marchait comme un homme sous ces ombrages terribles.

Cette campagne était silencieuse, ces sites imposants et solennels.

Et cependant nous étions gais, tous les deux, heureux de notre escapade, heureux d’être jeunes et libres, de circuler une fois par hasard, en plein