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XV

LOTI À PLUMKETT, LIEUTENANT DE MARINE


Salonique, mai 1876.
Mon cher Plumkett,

Vous pouvez me raconter, sans m’ennuyer jamais, toutes les choses tristes ou saugrenues, ou même gaies, qui vous passeront par la tête ; comme vous êtes classé pour moi en dehors du « vil troupeau », je lirai toujours avec plaisir ce que vous m’écrirez.

Votre lettre m’a été remise sur la fin d’un dîner au vin d’Espagne, et je me souviens qu’elle m’a un peu, à première vue, abasourdi par son ensemble original. Vous êtes en effet « un drôle de type » ; mais cela, je le savais déjà. Vous êtes aussi un garçon d’esprit, ce qui était connu. Mais ce n’est point là seulement ce que j’ai démêlé dans votre longue lettre, je vous l’assure.

J’ai vu que vous avez dû beaucoup souffrir, et c’est là un point de commun entre nous deux. Moi aussi, il y a dix longues années que j’ai été lancé