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» Le vieux Abeddin a soupçonné et tout deviné, car nous avions été sans prudence pendant les derniers jours. Il ne lui a pas fait de reproches, a dit Kadidja, et ne l’a pas chassée, parce qu’il l’aimait beaucoup. Seulement, il n’entre plus dans son appartement ; il ne prend plus garde à elle et il ne lui parle plus. Les autres femmes aussi du harem l’ont abandonnée, excepté Fenzilé-hanum, qui est allée pour elle consulter le hodja (le sorcier).

» Elle est malade depuis ton départ ; cependant le grand ekime (médecin) qui l’a vue a dit qu’elle n’avait rien et n’est pas revenu.

» C’est la vieille qui avait un jour arrêté le sang de sa main qui la soigne ; elle est sa confidente et je crois qu’elle l’a dénoncée pour de l’argent.

» Aziyadé te fait dire qu’elle ne vit pas sans toi ; qu’elle ne voit pas le moment de ton retour à Constantinople ; qu’elle ne croit pas qu’elle puisse jamais voir tes yeux face à face et qu’il lui semble qu’il n’y a plus de soleil.

» Loti, les paroles que tu m’as dites, ne les oublie pas ; les promesses que tu m’as faites, ne les oublie jamais ! Dans ta pensée, crois-tu que je peux être heureux un seul moment sans toi à Cons-