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Pauvre petit ami Achmet, je l’aimais bien, celui-là encore ; son amitié m’était douce et bienfaisante.

C’est fini de l’Orient, le rêve est achevé. La patrie est devant nous ; dans ce paisible petit Brightbury là-bas, on m’attend avec bonheur. Moi aussi, je les aime tous, mais qu’il est triste ce foyer qui m’attend.

Je revois ce nid, chéri pourtant, où s’est passée mon enfance, les vieux murs et le lierre, le ciel gris du Yorkshire, les vieux toits, la mousse et les tilleuls, témoins d’autrefois, témoins des premiers rêves et du bonheur que rien dans le monde ne peut plus me rendre.

Souvent déjà j’y suis revenu, au foyer, le cœur tourmenté et déchiré ; j’y ai rapporté bien des passions, bien des espérances, toujours brisées ; il est rempli de poignants souvenirs, son calme béni n’a plus sur moi son action salutaire ; j’étoufferai là, maintenant, comme une plante privée de soleil…