Page:Loti - Aziyadé.djvu/289

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Derrière moi, là-haut, la grande place est dorée par le soleil couchant ; ici, dans la rue, tout est déjà dans l’ombre.

Je me cache à moitié derrière un pan de muraille, je regarde cette maison, et mon cœur bat terriblement.

Je pense à ce jour où je l’avais vue, et pour la première fois de ma vie, derrière les grilles de la maison de Salonique. Je ne sais plus ce que je veux, ni ce que je suis venu chercher ; j’ai peur que les autres femmes ne rient de moi ; j’ai peur d’être ridicule, et surtout j’ai peur de la perdre…


XX

Quand je remontai sur la place de Mehmed-Fatih, le soleil dorait en plein l’immense mosquée, les portiques arabes et les minarets gigantesques. Les oulémas qui sortaient de la prière du soir s’étaient tous arrêtés sur le seuil, et s’étageaient dans la lumière sur les grandes marches de pierre. La foule accourait vers eux et les entourait : au milieu du groupe, un jeune homme montrait le