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XIV

Nous débarquons encore une fois là-bas, sur cette petite place d’Eyoub que demain je ne verrai plus.

Nous avions voulu jeter ensemble un dernier coup d’œil à notre demeure.

L’entrée en était encombrée de caisses et de paquets, et il y faisait déjà nuit. Achmet découvrit dans un coin une vieille lanterne qu’il promena tristement dans notre chambre vide. J’avais hâte de partir ; je pris Aziyadé par la main et l’entraînai dehors.

Le ciel était toujours étrangement noir, menaçant d’un déluge ; les cases et les pavés se détachaient en clair sur ce ciel, bien que noirs par eux-mêmes. La rue était déserte et balayée par des rafales qui faisaient tout trembler ; deux femmes turques étaient blotties dans une porte et nous examinaient curieusement. Je tournai la tête pour voir encore cette demeure où je ne devais plus revenir, jeter un coup d’œil dernier sur ce coin de la terre où j’avais trouvé un peu de bonheur…