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qu’elle était Arménienne ; et cette assurance, donnée par un musulman, était sa sauvegarde.

— Nous nous étions toujours attendus, disait le derviche Hassan-effendi, à vous voir disparaître ainsi, par une trappe ou un coup de baguette. Avant de partir, nous direz-vous, Arif ou Loti, qui vous êtes et ce que vous êtes venu faire parmi nous ?

Hassan-effendi était de bonne foi ; bien que lui et ses amis eussent désiré savoir qui j’étais, ils l’ignoraient absolument parce qu’ils ne m’avaient jamais épié. On n’a pas encore importé en Turquie le commissaire de police français, qui vous dépiste en trois heures ; on est libre d’y vivre tranquille et inconnu.

Je déclinai à Hassan-effendi mes noms et qualités, et nous nous fîmes la promesse de nous écrire.

Aziyadé avait pleuré plusieurs heures ; mais ses larmes étaient moins amères. L’idée de me revoir commençait à prendre consistance dans son esprit et la rendait plus calme. Elle commençait à dire : « Quand tu seras de retour… »

— Je ne sais pas, Loti, disait-elle, si tu reviendras, — Allah seul le sait ! Tous les jours je