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silence mêlé de bruits de cigales, un air pur rempli de parfums d’été ; la mer immobile, le ciel aussi brillant qu’autrefois dans mes nuits des tropiques.

Elle ne m’appartenait pas encore ; mais il n’y avait plus entre nous que des barrières matérielles, la présence de son maître, et le grillage de fer de ses fenêtres.

Je passais ces nuits à l’attendre, à attendre ce moment, très court quelquefois, où je pouvais toucher ses bras à travers les terribles barreaux, et embrasser dans l’obscurité ses mains blanches, ornées de bagues d’Orient.

Et puis, à certaine heure du matin, avant le jour, je pouvais, avec mille dangers, rejoindre ma corvette par un moyen convenu avec les officiers de garde.


XIII

Mes soirées se passaient en compagnie de Samuel. J’ai vu d’étranges choses avec lui, dans les tavernes des bateliers ; j’ai fait des études de mœurs que peu de gens ont pu faire, dans les cours des mira-