Elle m’apportait quelque chose de lourd, contenu dans une toute petite boîte, qui sentait l’eau de roses comme tout ce qui venait d’elle. Sa figure rayonnait de joie en me remettant ce petit objet mystérieux, très soigneusement caché dans sa robe.
— Tiens, Loti, dit-elle, bou benden sana édié. (Ceci est un cadeau que je te fais.)
C’était une lourde bague en or martelé, sur laquelle était gravé son nom.
Depuis longtemps, elle rêvait de me donner une bague, sur laquelle j’emporterais dans mon pays son nom gravé. Mais la pauvre petite n’avait pas d’argent ; elle vivait dans une large aisance, dans un luxe relatif ; il lui était possible d’apporter chez moi des pièces de soie brodée, des coussins et différents objets dont elle disposait sans contrôle ; mais on ne lui donnait que de petites sommes ; tout passait à payer la discrétion d’Emineh, sa servante, et il lui était difficile d’acheter une bague sur ses économies. Alors elle avait songé à ses bijoux à elle ; mais elle avait eu peur de les envoyer vendre ou troquer au bazar des bijoutiers, et il avait fallu recourir aux expédients. C’étaient ses propres