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Couchés en terre, deux débris ignorés, des centaines de lieues sans doute sépareront nos tombes, — et qui se souviendra encore que nous nous sommes aimés ?

Un temps viendra où, de tout ce rêve d’amour, rien ne restera plus. Un temps viendra où nous serons perdus tous deux dans la nuit profonde, où rien ne survivra de nous-mêmes, où tout s’effacera, tout jusqu’à nos noms écrits sur nos pierres.

Les petites filles circassiennes viendront toujours de leurs montagnes dans les harems de Constantinople. La chanson triste du muezzin retentira toujours dans le silence des matinées d’hiver, — seulement, elle ne nous réveillera plus !

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LXI

Le voyage à Angora, capitale des chats, était depuis longtemps en question.

J’obtiens de mes chefs l’autorisation de partir (permission de dix jours), à la condition que je ne me mettrai là-bas dans aucune espèce de mau-