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Setchan ! (Les souris !) dit-elle en riant, et tout à fait rassurée…

Le fait est que la vieille masure en était pleine, et qu’elles s’y livraient, la nuit, des batailles rangées fort meurtrières.

Tchok setchan var senin evdé, Lotim ! disait-elle souvent. (Il y a beaucoup de souris dans ta maison, Loti !)

C’est pourquoi, un beau soir, elle me fit présent du jeune Kédi-bey.

Kédi-bey (le seigneur chat), qui devint plus tard un énorme et très imposant matou, avait alors à peine un mois ; c’était une toute petite boule jaune, ornée de gros yeux verts, et très gourmande.

Elle me l’avait apporté en surprise, un soir, dans un de ces cabas de velours brodé d’or dont se servent les enfants turcs qui vont à l’école.

Ce cabas avait été le sien, à l’époque où elle allait, jambes nues et sans voile, faire son instruction très incomplète chez le vieux pédagogue à turban du village de Canlidja, sur la côte asiatique du Bosphore. Elle avait très peu profité des leçons de ce maître, et écrivait fort mal ; ce qui ne m’empê-