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l’islam. Les toutes petites tasses de café d’Arabie ont été plusieurs fois remplies et vidées ; les femmes du harem, qui rêvent de se montrer, entr’ouvrent la porte pour passer et reprendre elles-mêmes les plateaux d’argent. On aperçoit le bout de leurs doigts, un œil quelquefois, ou un bras retiré furtivement ; c’est tout, et, à la cinquième heure turque (dix heures), la porte du haremlike est close, les belles ne paraissent plus.

Le vin blanc d’Ismidt que le Koran n’a pas interdit est servi dans un verre unique, où, suivant l’usage, chacun boit à son tour.

On en boit si peu, qu’une jeune fille en demanderait davantage, et que ce vin est tout à fait étranger à ce qui va suivre.

Peu à peu, cependant, la tête devient plus lourde, et les idées plus incertaines se confondent en un rêve indécis.

Izeddin-Ali et Suleïman prennent en main des tambours de basque, et chantent d’une voix de somnambule de vieux airs venus d’Asie. On voit plus vaguement la fumée qui monte, les regards qui s’éteignent, les nacres qui brillent, la richesse du logis.