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petits meubles à huit pans, supportant des narguilhés que terminent de grosses boules d’ambre incrustées d’or.

Tout le monde n’est pas admis chez Izeddin-Ali, et ceux qui sont là sont choisis ; non pas de ces fils de pacha, traînés sur les boulevards de Paris, gommeux et abêtis, mais tous enfants de la vieille Turquie élevés dans les Yalis dorés, à l’abri du vent égalitaire empesté de fumée de houille qui souffle d’Occident. L’œil ne rencontre dans ces groupes que de sympathiques figures, au regard plein de flamme et de jeunesse.

Ces hommes qui, dans le jour, circulaient en costume européen, ont repris le soir, dans leur inviolable intérieur la chemise de soie et le long cafetan en cachemire doublé de fourrure. Le paletot gris n’était qu’un déguisement passager et sans grâce, qui seyait mal à leurs organisations asiatiques.

…La fumée odorante décrit dans la tiède atmosphère des courbes changeantes et compliquées ; on cause à voix basse, de la guerre souvent, d’Ignatief et des inquiétants « Moscov », des destinées fatales que Allah prépare au khalife et à