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dehors, renferme dans ses murailles noires les mystérieuses magnificences du luxe oriental. Izeddin-Ali professe d’ailleurs le culte exclusif de tout ce qui est eski, de tout ce qui rappelle les temps regrettés du passé, de tout ce qui est marqué au sceau d’autrefois,

On frappe à la porte, lourde et ferrée ; deux petites esclaves circassiennes viennent sans bruit vous ouvrir.

On éteint sa lanterne, on se déchausse, opérations très bourgeoises voulues par les usages de la Turquie. Le chez soi, en Orient, n’est jamais souillé de la boue du dehors ; on la laisse à la porte, et les tapis précieux que le petit-fils a reçus de l’aïeul, ne sont foulés que par des babouches ou des pieds nus.

Ces deux esclaves ont huit ans ; elles sont à vendre et elles le savent. Leurs faces épanouies sont régulières et charmantes ; des fleurs sont plantées dans leurs cheveux de bébé, relevés très haut sur le sommet de la tête. Avec respect elles vous prennent la main et la touchent doucement de leur front.

Aziyadé, qui avait été, elle aussi, une petite