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m’accusait de sorcellerie et de maléfices. Les vieilles méfiances n’étaient qu’endormies, et je recueillais les fruits d’être un personnage inquiétant et invraisemblable, ne pouvant se réclamer de personne et sans appui.

J’approchais lentement de notre case. Les portes étaient enfoncées, les vitres brisées, la fumée sortait par le toit ; tout était au pillage, envahi par une de ces foules sinistres qui surgissent à Constantinople dans les heures de bagarre. J’entrai chez moi, il pleuvait de l’eau noire mêlée de suie, du plâtre calciné et des planches enflammées…

Le feu cependant était éteint. Un appartement brûlé, un plancher, deux portes et une cloison. Avec une grande dose de sang-froid j’avais dominé la situation ; les bachibozouks avaient arraché aux pillards leur butin, fait évacuer la place et dispersé la foule.

Deux zaptiés en armes faisaient faction à ma porte enfoncée. Je leur confiai la garde de mes biens et m’embarquai pour Galata. J’allais y chercher Achmet, garçon de bon conseil, dont la présence amie m’eût été précieuse au milieu de ce désarroi.