Page:Loti - Aziyadé.djvu/213

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cœur, au contact de cette passion jeune et ardente. Du plus profond de mon âme, je l’aime et je l’adore…


LII

Un beau dimanche de janvier, rentrant à la case par un gai soleil d’hiver, je vis dans mon quartier cinq cents personnes et des pompes.

— Qu’est-ce qui brûle ? demandai-je avec impatience.

J’avais toujours eu un pressentiment que ma maison brûlerait.

— Cours vite, Arif ! me répondit un vieux Turc, cours vite, Arif ! c’est ta maison !

Ce genre d’émotion m’était encore inconnu.

Je m’approchai pourtant d’un air indifférent de ce petit logis que nous avions arrangé l’un pour l’autre, elle pour moi, moi pour elle, avec tant d’amour.

La foule s’ouvrait sur mon passage, hostile et menaçante ; de vieilles femmes en fureur excitaient les hommes et m’injuriaient ; on avait senti des odeurs de soufre et vu des flammes vertes ; on