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conditions favorables pour le tenter. Ma position à Stamboul, ma connaissance de la langue et des usages turcs, — ma porte isolée tournant sans bruit sur ses vieilles ferrures, — étaient choses fort propices à ces sortes d’entreprises ; et ma maison eût pu devenir sans doute, si je l’avais désiré, le rendez-vous des belles désœuvrées des harems.


XLIV

Quelques jours plus tard, un gros nuage d’orage s’abattait sur ma case paisible, un nuage bien terrible passait entre moi et celle que je n’avais cependant pas cessé de chérir. Aziyadé se révoltait contre un projet cynique que je lui exposais ; elle me résistait avec une force de volonté qui voulait maîtriser la mienne, sans qu’une larme vînt dans ses yeux, ni un tremblement dans sa voix.

Je lui avais déclaré que le lendemain je ne voulais plus d’elle ; qu’une autre allait pour quelques jours prendre sa place ; qu’elle-même reviendrait ensuite, et m’aimerait encore après cette humiliation sans en garder même le souvenir.