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quaient que ces femmes étaient de grandes dames.

Ces trois Turques se tenaient fort mal, à la façon de toutes les hanums de grande maison qui ne craignent guère d’adresser aux Européens dans les rues les regards les plus encourageants ou les plus moqueurs.

Celle surtout qui était jolie m’avait souri avec tant de complaisance, que je tournai bride pour la suivre.

Alors commença une longue promenade de deux heures, pendant laquelle la belle dame m’envoya par la portière ouverte la collection de ses plus délicieux sourires. La voiture filait grand train, et je l’escortai surtout son parcours, passant devant ou derrière, ralentissant ma course, ou galopant pour la dépasser. Les eunuques (qui sont surtout terribles dans les opéras-comiques) considéraient ce manège avec bonhomie, et continuaient de trotter à leur poste, dans l’impassibilité la plus complète.

Nous passâmes Dolma-Bagtché, Sali-Bazar, Top-Hané, le bruyant quartier de Galata, — et puis le pont de Stamboul, le triste Phanar et le noir Balate. À Eyoub enfin, dans une vieille rue turque, devant