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paillettes de métal ; la fumée se mit à décrire dans l’air ses spirales bleuâtres, et peu à peu je perdis conscience de la vie, de la triste vie humaine, en contemplant ces trois visages amis et aimables à regarder : ma maîtresse, mon domestique et mon chat.

Point d’intrus d’ailleurs, point de visiteurs inattendus ou déplaisants. Si quelques Turcs me visitent discrètement quand je les y invite, mes amis ignorent absolument le chemin de ma demeure, et des treillages de frêne gardent si fidèlement mes fenêtres qu’à aucun moment du jour un regard curieux n’y saurait pénétrer.

Les Orientaux, mon cher ami, savent seuls être chez eux ; dans vos logis d’Europe, ouverts à tous venants, vous êtes chez vous comme on est ici dans la rue, en butte à l’espionnage des amis fâcheux et des indiscrets ; vous ne connaissez point cette inviolabilité de l’intérieur, ni le charme de ce mystère.

Je suis heureux, Plumkett ; je retire toutes les lamentations que j’ai été assez ridicule pour vous envoyer… Et pourtant je souffre encore de tout ce qui a été brisé dans mon cœur : je sens que