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placez, et qu’il y en a une infinité de points de vue ; si vous songez que la raison de tout cela, l’essence de toutes ces choses vous est inconnue, et si vous agitez dans votre esprit ces éternels problèmes, qu’est-ce que tout cela ? que suis-je moi-même au milieu de cet infini ?

Vous aurez bien des chances pour ne pas être en communion intellectuelle avec ceux qui vous entourent.

Leur conversation ne vous touchera guère plus que celle d’une araignée qui vous raconterait qu’un plumeau dévastateur lui a détruit une partie de sa toile ; ou que celle d’un crapaud qui vous annoncerait qu’il vient d’hériter d’un gros tas de plâtras dans lequel il pourra gîter tout à l’aise. (Un monsieur me disait aujourd’hui qu’il avait fait de mauvaises récoltes, et qu’il avait hérité d’une maison de campagne.)

Vous avez été amoureux, vous l’êtes peut-être encore ; vous avez senti qu’il existait un genre de vie tout spécial, un état particulier de votre être à la faveur duquel tout prenait pour vous des aspects entièrement nouveaux.

Une sorte de révélation semble alors se faire ; on