Page:Loti - Aziyadé.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.

depuis que la Constitution leur conférait le titre immérité de citoyens, s’en donnaient à cœur joie de chanter et de boire.


XXXII

Je me souviens de cette nuit où le bay-kouch (le hibou), suivit notre caïque sur la Corne d’or.

C’était une froide nuit de janvier ; une brume glaciale embrouillait les grandes ombres de Stamboul, et tombait en pluie fine sur nos têtes. Nous ramions, Achmet et moi, à tour de rôle, dans le caïque qui nous menait à Eyoub.

À l’échelle du Phanar, nous abordâmes avec précaution dans la nuit noire, au milieu de pieux, d’épaves et de milliers de caïques échoués sur la vase.

On était là au pied des vieilles murailles du quartier byzantin de Constantinople, lieu qui n’est fréquenté à pareille heure par aucun être humain. Deux femmes pourtant s’y tenaient blotties, deux ombres à tête blanche, cachées dans certain recoin obscur qui nous était familier, sous le balcon d’une