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d’Eyoub, où les enfants prennent pour cible à cailloux votre coiffure insolite ; vous demandez la rue Kourou-Tchechmeh, que l’on vous indique immédiatement ; au bout de cette rue, vous trouvez une fontaine de marbre sous des amandiers, et ma case est à côté.

J’habite là en compagnie d’Aziyadé, cette jeune femme de Salonique de laquelle je vous avais autrefois parlé, et que je ne suis pas bien loin d’aimer. J’y vis presque heureux, dans l’oubli du passé et des ingrats.

Je ne vous raconterai point quelles circonstances m’ont amené dans ce recoin de l’Orient ; ni comment j’en suis venu à adopter pour un temps le langage et les coutumes de la Turquie, — même ses beaux habits de soie et d’or.

Voici seulement, ce soir 30 décembre, quelle est la situation : Beau temps froid, clair de lune. — À la cantonade, les derviches psalmodient d’une voix monotone ; c’est le bruit familier qui tinte chaque jour à mes oreilles. Mon chat Kédi-bey et mon domestique Yousouf se sont retirés, l’un portant l’autre, dans leur appartement commun.

Aziyadé, assise comme une fille de l’Orient sur