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soigner de pauvres blessés, des banquiers à qui vous pourrez confier votre fortune, des amis qui vous donneront la moitié de la leur ; des gens, moi par exemple sans aller chercher plus loin, qui seraient peut-être capables, en dépit de tous vos blasphèmes, de vous offrir une affection et un dévouement illimités.

Cessez donc ces boutades d’enfant malade. Elles viennent de ce que vous rêvez au lieu de réfléchir ; de ce que vous suivez la passion au lieu de la raison.

Vous vous calomniez, lorsque vous parlez ainsi. Si je vous disais que tout est vrai dans votre fin de lettre et que je vous crois tel que vous vous y dépeignez, vous m’écririez aussitôt pour protester, pour me dire que vous ne pensez pas un mot de toute cette atroce profession de foi ; que ce n’est que la bravade d’un cœur plus tendre que les autres ; que ce n’est que l’effort douloureux que fait pour se raidir la sensitive contractée par la douleur.

Non, non, mon ami, je ne vous crois pas, et vous ne vous croyez pas vous-même. Vous êtes bon, vous êtes aimant, vous êtes sensible et délicat ;