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teur des veillées d’hiver (les longues histoires qui durent huit jours, et où figurent les djinns et les génies). Les heures passent là sans fatigue et sans remords ; je me trouve à l’aise au milieu d’eux, et nullement dépaysé.

Arif et Loti étant deux personnages très différents, il suffirait, le jour du départ du Deerhound, qu’Arif restât dans sa maison ; personne sans doute ne viendrait l’y chercher ; seulement, Loti aurait disparu, et disparu pour toujours.

Cette idée, qui est d’Aziyadé, se présente à mon esprit par instants sous des aspects étrangement admissibles.

Rester près d’elle, non plus à Stamboul, mais dans quelque village turc au bord de la mer ; vivre, au soleil et au grand air, de la vie saine des hommes du peuple ; vivre au jour le jour, sans créanciers et sans souci de l’avenir ! Je suis plus fait pour cette vie que pour la mienne ; j’ai horreur de tout travail qui n’est pas du corps et des muscles ; horreur de toute science ; haine de tous les devoirs conventionnels, de toutes les obligations sociales de nos pays d’Occident.

Être batelier en veste dorée, quelque part au