XIX
La mosquée du sultan Mehmed-fatih (Mehmed le conquérant) nous voit souvent assis, Achmet et moi, devant ses grands portiques de pierres grises, étendus tous deux au soleil et sans souci de la vie, poursuivant quelque rêve indécis, intraduisible en aucune langue humaine.
La place de Mehmed-fatih occupe, tout en haut du vieux Stamboul, de grands espaces où circulent des promeneurs en cafetans de cachemire, coiffés de larges turbans blancs. La mosquée qui s’élève au centre est une des plus vastes de Constantinople et aussi une des plus vénérées.
L’immense place est entourée de murailles mystérieuses, que surmontent des files de dômes de pierres, semblables à des alignements de ruches d’abeilles ; ce sont des demeures de softas, où les infidèles ne sont point admis.
Ce quartier est le centre d’un mouvement tout oriental ; les chameaux le traversent de leur pas tranquille en faisant tinter leurs clochettes mono-