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pénétrer une fois dans l’appartement d’Aziyadé, pour avoir seulement une idée du lieu où ma bien-aimée passait son existence. Nous avions beaucoup discuté ce projet, au sujet duquel Fenzilé-hanum avait même été consultée ; mais nous ne l’avions pas mis à exécution, et plus je suis au courant des coutumes de Turquie, plus je reconnais que l’entreprise eût été folle.

— Notre harem, concluait Aziyadé, est réputé partout comme un modèle, pour notre patience mutuelle et le bon accord qui règne entre nous.

— Triste modèle en tout cas !

Y en a-t-il à Stamboul beaucoup comme celui-là ?

Le mal y est entré d’abord par l’intermédiaire de la jolie Aïché-hanum. La contagion a fait en deux ans des progrès si rapides, que la maison de ce vieillard n’est plus qu’un foyer d’intrigues où tous les serviteurs sont subornés. Cette grande cage si bien grillée et d’un si sévère aspect, est devenue une sorte de boîte à trucs, avec portes secrètes et escaliers dérobés ; les oiseaux prisonniers en peuvent impunément sortir, et prennent leur volée dans toutes les directions du ciel.