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III

Eyoub, décembre 1876.

Aziyadé parle peu ; elle sourit souvent, mais ne rit jamais ; son pas ne fait aucun bruit ; ses mouvements sont souples, ondoyants, tranquilles, et ne s’entendent pas. C’est bien là cette petite personne mystérieuse, qui le plus souvent s’évanouit quand paraît le jour, et que la nuit ramène ensuite, à l’heure des djinns et des fantômes.

Elle tient un peu de la vision, et il semble qu’elle illumine les lieux par lesquels elle passe. On cherche des rayons autour de sa tête enfantine et sérieuse, et on en trouve en effet, quand la lumière tombe sur certains petits cheveux impalpables, rebelles à toutes les coiffures, qui entourent délicieusement ses joues et son front.

Elle considère comme très inconvenants ces petits cheveux, et passe chaque matin une heure en efforts tout à fait sans succès pour les aplatir. Ce travail et celui qui consiste à teindre ses ongles en rouge orange sont ses deux principales occupations.