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un accroissement de silence ; le soleil était couché. Un froid inattendu tombait sur la terre, avec la nuit.

Il était plus que l’heure de rentrer. Jean promena sur les allées envahies d’herbes un regard pour leur dire adieu, et se décida à sortir. Bien lentement, en continuant de regarder, il referma l’antique portail, — avec l’impression d’un jamais, d’un jamais absolu et éternel…

Maintenant, leur dîner, où ils ne mangèrent pas ; dîner quelconque, servi par Miette qui pleurait et éclairé par une bougie posée à même sur la table.

Et enfin, commença la lourde soirée d’attente. Tout était prêt ; plus rien à faire ; ils se retrouvèrent seuls, ayant froid, dans leur salon vide, démeublé à jamais des vieilles choses aimées. En silence ils attendirent, comme attendent les condamnés, la voiture qui devait venir les prendre.