temps, si longs cette année-là, leur pauvre bateau, fatigué et surmené, était entré au port de Khandjiotos. Et le changement en latitude, la descente vers le lumineux midi, dont l’effet est déjà un trouble souverain, coïncidaient avec l’arrivée brusque du printemps, du printemps oriental ; c’était pour augmenter encore, aux yeux de Jean, la magie de ce Levant tout nouveau, — désiré, rêvé là-bas sous les orangers du vieux jardin d’Antibes, et apparu subitement, dans sa plus tranquille et morne splendeur.
Pour des réparations, on devait rester un mois dans ce port, presque le temps de s’y acclimater — et d’y aimer aussi.
Ce premier jour, on avait ouvert les panneaux, les armoires humides ; à la brise tiède, on avait tendu les choses mouillées ; il semblait que le bateau lui-même fut tout à la sensation d’être là, de se reposer et de se sécher à ce soleil.
Oh ! la première soirée qui survint, si limpide et si tranquille, imprégnée de telles senteurs étrangères ! — Jean était de garde, obligé de ne pas s’éloigner du