Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/31

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pas de flânerie insouciante et gaie, ayant à sa boutonnière une rose que venait de lui donner une jolie fille amoureuse.

« Oh ! monsieur Jean, — dit Miette, dans le corridor, — entrez donc vite,… montez donc les voir, vos pauvres parents, qui sont là-haut à vous attendre…

— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? » répondit-il, l’air dégagé et faisant son grand homme indifférent. — À la figure bouleversée de Miette, il avait tout compris.

Il entra, dans ce petit salon modeste où en effet ils l’attendaient et où, sans échanger une parole, ils l’avaient écouté monter. Il s’avança, avec l’attitude embarrassée d’un écolier en faute légère, détournant à demi la tête, ayant même un imperceptible sourire de bravade enfantine au coin de ses yeux de velours.

Leur profonde détresse, il ne la vit point. Quant à lui, il ne se sentait ni atterré ni surpris, car depuis longtemps il n’espérait plus, sachant mieux que personne qu’il avait flâné jusqu’à la dernière heure — et très mal passé son examen oral. Au collège mariste, ils étaient cinq