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dans une douceur encore plus grande, qui fit couler ses larmes comme d’une source… Le céleste revoir apparut à cette mère, avec les promesses éternelles et tout le leurre radieux de cette immortalité chrétienne telle que les simples l’entendent et telle qu’il faut qu’elle soit pour consoler : son Jean, son bien-aimé, retrouvé là-haut ; son Jean qui serait encore tout à fait lui-même, encore humain et encore enfant ; qui aurait encore l’enfantillage de son sourire terrestre, qui se souviendrait de la maison de Provence, — qui se souviendrait du « petit chapeau » et des dimanches de Pâques ensoleillés d’autrefois.

Oh ! oui, tout s’était apaisé, comme la fièvre au contact de l’eau fraîche. Entre ces deux âmes de fils et de mère, l’une issue de l’autre, je ne sais quel lien mystique s’était renoué, et ce lien donnait à l’âme qui restait l’illusion de la persistance de l’âme qui s’était anéantie.

Résignée à présent, elle entrevoyait la possibilité de sa vie solitaire, reprise comme sous le regard lointain et un peu