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désespérés, en changeant leur mal.

D’apaisement d’âme, il semblait qu’elle n’en eût plus à attendre, jamais. En fait d’âme, elle était comme ces suppliciés qui doivent demeurer cloués à quelque barre ou à quelque croix pour attendre la mort, et qui ne peuvent même pas avoir d’accalmies de souffrance, avant l’heure de se débattre dans la crise finale d’agonie. La vie venait de se fermer devant elle d’épaisses portes de plomb, aussi sourdes et immuables que celles qui gardent l’enfer. Seule, seule au monde, vieille femme sans fils, sans espoir et sans prière, qu’on ramasserait bientôt, noyée, à la plage, ou sanglante, sur les pavés de la rue…


LIV


Mais, vers le crépuscule de ce second soir, comme elle était là, assise dans sa