Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

venaient de lui, — et après ? il faudrait bien toujours en finir, et tout s’en irait plus pitoyablement, profané par des mains quelconques, les vêtements bien-aimés, revendus à la friperie et au chiffon…

Oh ! le « petit chapeau », le cher petit chapeau de Pâques, s’en allant à la guenille, dans quelque hotte de chiffonnier !… À cette image entrevue, il lui sembla que tout s’effondrait en elle-même ; cette fois, l’oppressante masse de fer se dissolvait, fondait décidément, dans sa tête, dans son cœur, partout. Son dos, secoué d’abord par des spasmes irréguliers, prit un mouvement de soufflet haletant, plus saccadé que la respiration ordinaire, — et enfin elle s’affaissa dans une chaise, la tête tombée en avant sur une table, pour pleurer à grands sanglots ses premières larmes de mère sans enfant…

Mais ce n’était qu’une crise physique, une reprise de l’équilibre de vie, une de ces réactions appelées « attendrissement », que provoquent en général les très petites choses, les détails, les riens, et qui soulagent un peu, passagèrement, les