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inquiète ; parmi toutes ces têtes, qui souriaient au-dessus du bastingage de la Saône, elle cherchait son fils et ne trouvait pas, ne trouvait pas encore…

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Oh ! tout ce qu’elle avait rêvé, combiné, préparé, pendant des mois, pour ce retour : embelli leur petit logis triste, auquel tous deux commençaient cependant à s’attacher, faute de mieux, pour l’avoir un peu longtemps habité ensemble ; embelli surtout sa chambre à lui… Grâce à des miracles d’économie, d’ordre, de travail ingénieux et de goût, elle avait fait tout cela sans toucher à sa délégation, qu’elle avait placée. Et, ce matin, quand un vieux guetteur, chargé depuis plusieurs jours de ce soin, était venu l’avertir que la Saône était signalée aux sémaphores et mouillerait sur rade dans deux heures, elle avait fiévreusement mis tout en ordre, acheté des bouquets pour les vases, loué une femme pour leur faire et leur servir le dîner de ce soir… Sa toilette aussi l’avait beaucoup agitée comme il tenait à ce qu’elle reprit l’air d’une dame, elle