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le vent suave, des notes faciles et claires qui semblaient s’envoler.

Au milieu de cette transparence sans nom, qui était de la nuit sans être de l’obscurité, ce navire si largement voilé, emportant tous ces matelots blancs qui ne remuaient pas, n’avait plus l’air réel.

Cette musique, cette monotonie des voix berçantes et fraîches, et cette continuelle oscillation de tout, et cette fuite si rapide, si aisée, si légère, ajoutaient encore à l’impression d’immatérialité qui se dégageait des images perçues par les yeux… Plutôt on eût dit de quelque grande vision chantante que l’Alisé promenait follement — dans ces régions sans contours, sans bornes, et vides à l’infini…

Mais Jean ne le vit pas longtemps, le