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aspect farouche ; sur ses tempes, quelques cheveux blanchissaient ; ses trente et un ans et sa largeur excessive lui donnaient vis-à-vis des autres un air de père.

Joal, lui, qui était dans la mousqueterie, représentait le type du serviteur irréprochable, sans but et sans rêve ; sa petite imagination n’avait pas résisté au joug prolongé de la discipline. La vie se résumait pour lui à la stricte observance du tableau de service : à telle heure, blanchir telles planches avec du sable ; à telle autre, faire reluire, avec du tripoli, certaines ferrures ou certains cuivres, sans jamais discuter en lui-même l’importance de ces actes. En dehors de cela, resté bon cœur, capable d’affection, de dévouement et de larmes.

Les autres, de la bande de Jean, étaient d’assez gentils enfants simples, qui riaient beaucoup, et qui, à l’occasion, rêvaient pas mal aussi, mais sans savoir comment s’appelait ce passe-temps silencieux.

Et le soir, à l’heure charmante où, sur le gaillard d’avant, on écoute des histoires