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Cette Circé devait, en passant, le déposer à l’embouchure du Fleuve Rouge, avec les autres marins destinés à l’équipage de la Gyptis ; c’était une corvette un peu ancienne, un peu fatiguée de courir, qui avait encore de grandes voiles comme jadis et qui s’en allait, pour la dernière fois de sa vie, en station dans les mers de Chine.

Précisément la majeure partie d’un équipage de la Résolue avait été versée à bord, et Jean se retrouvait ainsi avec Le Marec et Joal, ses deux grands amis, et avec quelques autres qu’il aimait aussi ; alors, tout de suite, leurs amitiés s’étaient resserrées.

Le Marec, aujourd’hui second-maître, s’était marié, à la suite d’un irrésistible coup de foudre, huit ou dix jours avant de partir. Économe à présent, il n’avait plus qu’un but : atteindre sa retraite et aller vivre auprès de sa femme, du côté de Binic, dans une maison qui aurait un jardin. Ses façons semblaient déjà graves ; la mer lui avait fait du reste une figure d’une couleur foncée et d’un premier