Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

également pure tendresse, tous les deux. Elle, ignorante des choses d’amour et lisant chaque soir sa bible ; elle, destinée à rester inutilement fraîche et jeune encore pendant quelques printemps pâles comme celui-ci, puis à vieillir et se faner dans l’enserrement monotone de ces mêmes rues et de ces mêmes murs. Lui, gâté déjà par les baisers et les étreintes, ayant le monde pour habitation changeante, appelé à partir, peut-être demain, pour ne revenir jamais et laisser son corps aux mers lointaines…


XXXVI


Avril venait de finir, et mai commençait, voilé lui aussi, sombre, agité de vents marins ou de précoces orages. Le quartier désert de leurs rendez-vous s’embaumait de la profusion des fleurs de tilleul, prêtes à tomber et à finir.