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manger ; d’autres modestes embellissements au logis dont il se sentait très fier ; la joie d’une semaine de vacances qui commençait ; et puis l’impression de l’été qui allait venir, le charme de ce premier resplendissement des longs crépuscules, de cette première fois de l’année où l’on dînait, aux belles transparences mourantes du jour, sans la lampe ; et enfin, tant d’autres choses encore, dont l’ensemble formait l’enveloppement complexe et indicible de cette soirée heureuse. Les images qui s’inscrivaient là, au fond de sa mémoire, dans un inséparable assemblage, auraient pu s’appeler : instantané d’un beau soir de Pâques…

Tandis qu’elle, la mère, plus anxieusement le regardait, lui trouvant l’air si distrait et si ailleurs !… Depuis longtemps elle avait son idée, son plan obstiné, pour garder ce fils unique en Provence et vieillir auprès de lui : un oncle Berny, le seul des Berny riches qui fît attention au joli petit neveu pauvre, était un des parfumeurs du pays, autrement dit possédait dans la montagne une usine où se distil-