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jardins aux murs blanchis à la chaux. Au-dessus d’eux, les tilleuls de l’allée boutonnaient, fleurissaient, se hâtaient d’épaissir une voûte, et les soirs se faisaient toujours plus longs, plus longs et plus clairs, entraînés vers l’été par la marche du temps inexorablement rapide. Et l’avril s’avançait avec une précipitation qu’ils auraient voulu retenir.

Mais il ne souriait guère, l’avril, à leur amour sans lendemain probable, qui n’avait toujours que ce cadre fermé et mélancolique, et ne faisait jamais que cette même promenade à petits pas sur les pavés blancs bordés d’herbe verte. Et le ciel aussi restait sombre au-dessus de leurs têtes, fermé comme l’étroit décor terrestre, toujours plein de nuées grises, d’où tombaient des pluies bruissantes sur les feuilles nouvelles.

Ils avaient beau marcher lentement tous deux, même sous l’arrosage des ondées qui font courir, le bout de la rue était tout de suite atteint, interrompant leur causerie un peu incohérente, déjà si coupée de silences. Je ne sais quoi de