Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/117

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— nous nous décidons à l’aborder… (c’est de l’inquiétante épave qu’il s’agissait). Déjà il faisait pas trop clair, presque la nuit, quoi, — et dame, moi je ne m’y fiais qu’à moitié, tu penses !… Tout de même, je croche mes mains sur le plat-bord, et je me hisse pour regarder là dedans… Alors, qu’est-ce que je vois, mes amis !… Une grande figure noire, avec des cornes et une barbe en pointe, qui se dresse tout debout et qui me saute dessus…

— « Le diable, pas vrai ? — interrogeait Joal, avec la confiance d’avoir deviné juste.

— « Bien sûr, nous aussi, nous avions cru… Mais non, un bouc ! — Oh ! mais un bouc si gros, figure-toi !… Jamais on n’en avait vu de pareil… »

Et Irrubeta, un Basque de Zitzarry, racontait presque en même temps, d’une voix qui, a près de ces braves et lourdes voix bretonnes, semblait toute vibrante, toute légère :

— « C’était l’amazone qui l’avait dénoncé, l’espion, tu me comprends… Alors l’autre, le grand nègre l’emmène :