Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mélancolie de la séparation si prochaine, en leur rappelant la chère Provence, où tant de soirs sont pareils.

Demain, Jean partait pour faire, autour de l’Atlantique, le traditionnel voyage de la Résolue.

Ses plans d’avenir étaient d’ailleurs très bien combinés, très raisonnables : l’été prochain, revenir avec les galons de quartier-maître ; ensuite, repartir vite pour une campagne lointaine, qui finirait son temps de service ; y faire des économies ; les dépenser, au retour, pour suivre les cours d’hydrographie, et passer enfin ses examens de capitaine au long cours.

Pour ces beaux projets, il eût été sage de se remettre un peu aux mathématiques. Chez lui, dans sa chambre, il avait bien toujours ses livres et ses cahiers de collège étalés sur sa table ; mais il s’était contenté de les ouvrir de temps à autre, pour regarder les fleurs du jardin du Carigou qui séchaient entre les pages. Par nature et par entraînement excessif aux choses physiques, il était paresseux pour le travail intellectuel ; pour les mathé-