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OWEN ET LUNET OU LA DAME DE LA FONTAINE

tre pucelles en train de coudre de la soie auprès de la fenêtre, et je te dirai, Kei, que je ne crois pas me tromper en affirmant que la plus laide d’entre elles était plus belle que la jeune fille la plus belle que tu aies jamais vue dans l’île de Bretagne ; la moins belle était plus charmante que Gwenhwyvar, femme d’Arthur, quand elle est la plus belle, le jour de Noël ou le jour de Pâques, pour la messe. Elles se levèrent à mon arrivée. Six d’entre elles s’emparèrent de mon cheval et me désarmèrent (1) ; six autres prirent mes armes et les lavèrent dans un bassin au point qu’on ne pouvait rien voir de plus blanc. Un troisième groupe de six mit les nappes sur les tables et prépara le repas. Le quatrième groupe de six me débarrassa de mes habits de voyage et m’en donna d’autres : chemise, chausses de bliant (2), robe, surcot : et manteau de paile jaune ; il y avait au manteau une large bande d’orfrois (galon). Ils étendirent sous nous et autour de nous de nombreux coussins recouverts de fine toile rouge. Nous nous assîmes. Les six qui s’étaient emparées de mon cheval le débarrassèrent de tout son équipe-

(1) « Les jeunes demoiselles prévenaient de civilité les chevaliers qui arrivaient dans les châteaux ; suivant nos romanciers, elles les désarmaient au retour des tournois et des expéditions de guerre, leur donnaient de nouveaux habits et les servaient à table ». (Sainte-Palaye, I, 10, d’après lady Guest).

(2) Vieil anglais blihant, blehand ; v. français blizmt, bliaut. Blialt, en Angleterre, bliant, en France, désignait une tunique ou un vêtement de dessus, ou un riche tissu destiné à cet usage,