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OWEN ET LUNET OU LA DAME DE LA FONTAINE

boire l'hydromel. « Maintenant », dit Kei, « c'est à vous de me payer (1) mon récit. » — « Kynon, » dit Owein, « paie son récit à Kei. » — « En vérité », dit Kynon, « tu es plus vieux que moi, meilleur conteur, et tu as vu plus de choses extraordinaires : paye son récit à Kei. » — « Commence, toi, par ce que tu sais de plus remarquable. » — « Je commence », dit Kynon.

J’étais fils unique de père et de mère ; j’étais fougueux, d’une grande présomption ; je ne croyais pas qu’il y eût au monde personne capable de me surpasser en n'importe quelle prouesse. Après être venu à bout de toutes celles que présentait mon pays, je fis mes préparatifs et me mis en marche vers les extrémités du monde et les déserts ; à la fin je tombai sur un vallon le plus beau du monde, couvert d’arbres d’égale taille (2), traversé dans toute sa longueur par une rivière aux eaux rapides. Un chemin longeait la rivière ; je le suivis jusqu’au milieu du jour et je continuai de l’autre côté de la rivière jusqu’à nones. J'arrivai à une vaste plaine, à l’extrémité de laquelle était un château fort étincelant, baigné par les flots. Je me dirigeai vers le château : alors se présentèrent à ma vue deux jeunes gens aux cheveux blonds frisés

(1) V. les notes critiques sur cette expression.

(2) Ce trait se retrouve dans d’autres descriptions ; lady Guest en Gllû un exemple tiré d’un récit de Gruffydd ab Adda, tué en 1370 à Dolgellau. Chrétien envoit son héros en Brocéliande qui se trouverait être ainsi en Galles.