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LES MABINOGION

En vérité, dit Owein[1], fils d’Uryen, à Kei, tu as été mal inspiré au sujet de ce fou que tu as envoyé après le chevalier. De deux choses l’une : ou il est tué, où il a été culbuté. Si le chevalier l’a renversé, il le comptera parmi les gentilshommes de la cour, et il en résultera honte éternelle pour Arthur et ses guerriers. S’il l’a tué, il en va de même pour le déshonneur, avec péché en plus sur nous-même[2]. Par ma foi, je m’en vais là-bas pour savoir quelle aventure est la sienne. » Et Owein alla au pré. Il aperçut Peredur traînant le chevalier le long du pré. « Que fais-tu là, ainsi ? » dit-il. — « Jamais, » dit Peredur, « cette robe de fer ne le quittera, je crois qu’elle fait partie de lui-même[3]. »

  1. Dans Pen. 14, et 7, c’est Gwalchmai qui joue ce rôle. Dans Chrestien, c’est Yonès qui paraît être un dérivé plus ou moins exact (peut-être breton-armoricain) d’Yvain ; chez Wolfram, de même, Iwanet.
  2. Le texte du L. Rouge a : arnaw ynteu, sur lui-même ; Pen. 4 (L. Rh. 125) : arnat titheu, sur toi-même ; Pen. 14 : arnam nin heu oll : sur nous tous ; ces deux versions sont toutes les deux acceptables. Le texte de Pen. 7 (L. Rh., 608) semble gloser celui du Livre Rouge : ha ffechawt y dyn fol hwnnw yn angwanec, et le péché de ce fou en plus. Il est probable qu’arnam ou arnan ninheu est plus près de l’ancien texte ; le scribe aura lu arnau ninheu au lieu de arnanninheu.
  3. Cf. Chrestíen (Potvin, II, p. 79) : Perceval dit en parlant de l’armure :

    Qu’eles se tienent si au cors
    Que çou dedans et çou defors
    Est trestout. I. si com moi samble
    Qu’eles se tienent si ensamble.

    À rapprocher de la remarque de Perceval au chevalier qu’il a