Page:Loth - Mabinogion, tome 2.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
57
PEREDUR AB EVRAWC

la paix, » dit Kei ; « va après le chevalier qui est allé d’ici au pré, enlève-lui la coupe, renverse-le, prends son cheval et ses armes, et après tu obtiendras de te faire sacrer chevalier. » — « Je vais le faire, l’homme long. »

Et Peredur de tourner bride, et au pré. Il y trouva le chevalier en train de chevaucher, l’air tout fier de sa force et de la vaillance qu’il se croyait. — Dis-moi, « dit le chevalier, as-tu vu quelqu’un de la cour d’Arthur venant après moi ? » — « [1] Un homme long qui se trouvait là m’a commandé de te renverser, d’enlever la coupe et de prendre ton cheval et tes armes pour moi. » — « Tais-toi, retourne à la cour et commande à Arthur, de ma part, de venir lui ou un autre se battre avec moi ; s’il ne vient pas immédiatement, je ne l’attendrai pas. » — « Par ma foi, » dit Peredur, « choisis : de gré ou de force, il me faut le cheval, les armes et la coupe. » Le chevalier[2] le chargea avec fureur et lui donna du pied de sa lance un grand coup douloureux entre les épaules et le cou. — « Ha ! ha ! homme, » dit Peredur, « les gens de ma mère ne jouaient pas ainsi avec moi ; je m’en vais jouer à mon tour avec toi ainsi. » Il lui lança un javelot à pointe aiguë, qui l’atteignit à l’œil, lui sortit par la nuque et le renversa mort à l’instant.

  1. Pen. 7 (L. Rh. 607) : « Je n’ai vu personne ».
  2. Dans le Perceval de Ritson ce chevalier est le Chevalier Rouge, le meurtrier du père de Perceval, qui, lui aussi, s’appelait Perceval.