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PEREDUR AB EVRAWC

À l’entrée du pavillon, Peredur aperçut de la nourriture, deux flacons pleins de vin, deux tourtes de pain blanc et des tranches de cochon de lait. « Ma mère, » dit Peredur, « m’a recommandé, en quelque lieu que je visse nourriture et boisson, d’en prendre. » — « Volontiers, seigneur, » dit-elle, va à la table, « et grand bien te fasse. » Alors Peredur alla à la table et prit la moitié de la nourriture et de la boisson pour lui, et laissa l’autre à la pucelle. Lorsqu’il eut mangé, il plia un genou devant la jeune fille et dit : « Ma mère m’a recommandé, là où je verrais un beau joyau, de le prendre[1]. » — Prends, mon âme,[2] » dit-elle. Peredur

  1. Notre roman et le Perceval de Chrétien de Troyes omettent ici un détail important. Dans le poème anglais publié par Ritson et analysé par Halliwell, la mère de Perceval, Acheflour, sœur d’Arthur, dont le mari a été tué par le Chevalier rouge, a remis à son fils un anneau qui lui servira plus tard à le reconnaître. Perceval rencontre une salle, y pénètre, et aperçoit, étendue sur un lit et dormant, une jeune dame. Il lui enlève sa bague et la remplace par son anneau, ce qui a des conséquences fâcheuses à la fois pour elle et Perceval. Son mari, le Chevalier noir, la maltraite ; un jour, Perceval, attiré par ses cris, accourt (v. cet épisode, plus bas). Il renverse le Chevalier noir et réclame son anneau. Il a été donné à un géant. Celui-ci l’a présenté à la mère de Perceval, à qui il fait la cour. Elle croit que son fils est mort, devient folle et erre dans la forêt. Perceval tue le géant, ramène sa mère dans ses États, où ils vivent heureux. Il finit par se rendre en terre sainte où il trouve la mort (Gaston Paris, Hist. littér. de la France, XXX. p. 254 et suiv.).
  2. Dans Chrestien, Perceval prend de force, malgré la pucelle. Elle ne lui répond pas quand il demande à boire et à manger. Ils se séparent en très mauvais termes.