Page:Loth - Mabinogion, tome 2.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
49
PEREDUR AB EVRAWC

tous les autres en portaient, et il pensa qu’ils étaient depuis longtemps égarés et qu’ils avaient ainsi perdu leurs cornes. Il y avait, au bout de la forêt, une maison pour les chèvres : à force de vaillance et d’agilité, il y poussa les chevreaux et les chèvres. Puis il retourna à la maison auprès de sa mère : « Mère, » dit-il, « je viens de voir ici près, une chose étonnante : deux de tes chèvres devenues sauvages, et ayant perdu leurs cornes, si longtemps elles ont été égarées sous bois ! Il est impossible d’avoir plus de peine que je n’en ai eu à les faire rentrer. » Aussitôt chacun de se lever et d’aller voir : grand fut leur étonnement quand ils aperçurent les chevreaux.

Un jour, ils virent venir trois chevaliers suivant une voie chevalière, sur la lisière de la forêt : c’étaient Gwalchmei, fils de Gwyar ; Gweir, fils de Gwystyl et Owein, fils d’Uryen[1]. Owein suivait les traces d’un chevalier qu’il poursuivait et qui avait partagé les pommes[2] à la cour d’Arthur. « Ma mère, » dit Peredur, « qu’est-ce que ces gens là-bas ? » — « Ce sont des anges, mon fils, » dit-elle. — « J’en donne ma foi, » dit Peredur. « je m’en vais comme ange avec eux. » Et Peredur alla sur la route à leur rencontre. « Dis, mon âme, » dit Owein, « as-tu vu un chevalier passer par ici aujourd’hui ou hier ? » « Je ne sais ce que c’est qu’un chevalier. » — « Ce que je suis, »

  1. Dans le Perceval de Halliwell, ce sont Ivain (Owein), Gauvain (Gwalchmei) et Keu.
  2. Cf. tome I, p. 250 et note 2.