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LES MABINOGION

guerres et les combats, et, comme il arrive souvent à qui les recherche, il fut tué, ainsi que six de ses fils. Le septième s’appelait Peredur ; c’était le plus jeune. Il n’avait pas l’âge d’aller aux combats ni à la guerre ; autrement il eût été tué comme son père et ses frères. Sa mère était une femme avisée et intelligente. Elle réfléchit beaucoup au sujet de son seul fils et de ses domaines. Elle finit par prendre le parti de fuir dans le désert en un endroit solitaire et écarté et d’abandonner les lieux habités. Elle ne garda dans sa compagnie que des femmes, des enfants et des hommes paisibles, auxquels il n’était ni possible, ni convenable de se battre et de faire la guerre. Personne n’eût osé réunir armes et chevaux là où l’enfant eût pu s’en apercevoir, de peur qu’il n’y prît goût.

L’enfant allait tous les jours dans la forêt pour jouer et lancer baguettes et bâtons[1]. Un jour, il aperçut le troupeau de chèvres de sa mère et deux chevreaux près des chèvres. L’enfant s’étonna grandement qu’ils fussent sans cornes, tandis que

    Myv. arch., p. 411, 121). Plus bas, p. 77, en note, je renvoie à un intéressant passage de Dafydd ab Gwilym sur Peredur. Gwrgi et Peredur ont été mis au nombre des saints (Iolo mss., p. 528). D’après des généalogies, de la fin du xe siècle, Guurci et Peretur fils d’Eleuther Cascord Mawr (Ellifer Gosgvrddvawr) descendent de Coyl Hen (Y Cymmrodor, IX, p. 175). Coyl était un chef des Bretons du Nord.

  1. Dans le Perceval de Chrestien ce sont des javelots, Perceval a un cheval de chasse (Polvin, Perceval le Gallois, II, p. 45.) Il a d’ailleurs quatorze ans. Dans Pen. 4, il lance des javelots de houx.