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LES MABINOGION

gea vers les extrémités du monde et la solitude.

Pendant qu’il cheminait, il entendit un cri de douleur dans un bois, puis un second, puis un troisième. Il se dirigea de ce côté, et aperçut une éminence rocailleuse au milieu du bois, et un rocher grisâtre sur le penchant de la colline. Dans une fente du rocher se tenait un serpent, et, à côté du rocher, était un lion tout noir. Chaque fois qu’il essayait de s’échapper, le serpent s’élançait sur lui et le mordait. Owein dégaina son épée, et s’avança vers le rocher. Au moment où le serpent sortait du rocher, il le frappa de son épée et le coupa en deux. Il essuya son épée et reprit sa route. Tout à coup, il vit le lion le suivre et jouer autour de lui comme un lévrier qu’il aurait élevé lui-même. Ils marchèrent tout le jour jusqu’au soir. Quand Owein trouva qu’il était temps de se reposer, il descendit, lâcha son cheval au milieu d’un pré uni et ombragé, et se mit à allumer du feu. Le feu était à peine prêt, que le lion avait apporté assez de bois pour trois nuits. Puis il disparut. En un instant, il revint apportant un fort et superbe chevreuil qu’il jeta devant Owein. Il se plaça de l’autre côté du feu, en face d’Owein. Owein prit le chevreuil, l’écorcha, et en mit des tranches à rôtir sur des broches autour du feu. Tout le reste du chevreuil, il le donna à manger au lion (1).

(1) Sur cet épisode et l’Ivain, v. Arthur Brown, The Knight of the Lion (Publ. of the mod. Lang. Assoc. America), 1906, v. Mab. I, Introd.